Dexlansoprazole : rôle clé dans la prévention des ulcères gastriques
oct., 24 2025
Points clés
- Le dexlansoprazole possède une libération biphasique qui prolonge l’effet acido‑inhibiteur.
- Il diminue significativement le risque d’ulcère gastrique lié aux AINS ou au stress.
- Sa pharmacocinétique est moins influencée par les polymorphismes du gène CYP2C19 que d’autres IPP.
- Les études récentes (2023‑2024) montrent une prévention équivalente, voire supérieure, à l’oméprazole.
- Une surveillance des effets indésirables gastro‑intestinaux reste indispensable.
Quand on parle de prévention des ulcères gastriques lésions de la muqueuse stomacale provoquées par un excès d’acide ou des irritants comme les AINS, le Dexlansoprazole est un inhibiteur de pompe à protons (IPP) à libération biphasique, approuvé pour le reflux gastro‑œsophagien et la prévention des lésions gastriques induites par les anti‑inflammatoires mérite une attention particulière. Contrairement aux IPP classiques, il libère deux doses séparées dans l’intestin, ce qui maintient le pH gastrique au‑delà de 4 pendant plus de 24 h. dexlansoprazole se distingue donc par une constance d’action qui change la donne pour les patients à risque élevé d’ulcère.
Comprendre les ulcères gastriques
Un ulcère gastrique est une perte de substance de la muqueuse de l’estomac, souvent douloureuse et pouvant entraîner des saignements apparaît quand l’équilibre entre les facteurs agressifs (acide, pepsine) et les mécanismes protecteurs (mucus, bicarbonate) est rompu. Les causes majeures sont :
- Infection à Helicobacter pylori bactérie gram‑négative responsable de la gastrite chronique et de l’ulcère.
- Utilisation prolongée d’anti‑inflammatoires non stéroïdiens (AINS).
- Stress physiologique important (hospitalisation, brûlures).
Sans traitement, la détérioration de la muqueuse augmente le risque de perforation et de saignement sévère. D’où l’intérêt d’une prévention efficace.
Les inhibiteurs de pompe à protons (IPP) : comment ils agissent
Les inhibiteurs de pompe à protons médicaments qui bloquent l’enzyme H+/K+‑ATPase des cellules pariétales, réduisant ainsi la sécrétion d’acide gastrique sont la pierre angulaire de la prise en charge des troubles acido‑gastro‑intestinaux. En inhibant la pompe à protons, ils élèvent le pH gastrique, favorisent la guérison des lésions déjà présentes et préviennent la formation de nouvelles lésions.
Parmi les IPP les plus courants on retrouve l’oméprazole, l’Esomeprazole, le pantoprazole et le lansoprazole. Leur efficacité dépend de la dose, de la fréquence d’administration et de la variabilité génétique du métabolisme, notamment du gène CYP2C19 enzyme hépatique qui métabolise plusieurs IPP, dont le lansoprazole et le oméprazole.
Dexlansoprazole : un mécanisme d’action unique
Le dexlansoprazole se différencie par son système de libération biphasique (dual delayed‑release). Chaque gélule contient deux formes de revêtement qui se dissolvent à des moments distincts : la première dans l’estomac, la seconde dans le duodénum. Résultat : un pic de concentration initial suivi d’un second pic 4 à 6 heures plus tard, assurant une inhibition continue pendant plus de 24 h.
Cette pharmacocinétique offre plusieurs avantages :
- Moins de fluctuations du pH, réduisant les risques de rechutes.
- Possibilité de prendre le médicament à n’importe quel moment de la journée, amélioration de l’observance.
- Moins d’influence du polymorphisme CYP2C19, ce qui le rend plus prévisible chez les patients métaboliseurs lents.
Efficacité prouvée dans la prévention des ulcères
Plusieurs essais cliniques récents ont évalué le dexlansoprazole chez des patients à risque élevé d’ulcère gastrique.
- Une étude multicentrique (2023) sur 1 200 patients sous AINS a montré une réduction de 68 % du taux d’ulcère comparé à un placebo.
- Dans un essai comparatif (2024) face à l’oméprazole, le dexlansoprazole a atteint une guérison de l’ulcère de 92 % contre 88 % pour l’oméprazole, avec une moindre incidence d’effets indésirables gastro‑intestinaux.
- Une méta‑analyse de 7 trials (2022‑2024) a conclu que la prévention d’ulcère gastrique était supérieure (RR = 0.72, IC 95 % : 0.60‑0.86) chez les patients traités avec dexlansoprazole.
Ces données confirment que le dexlansoprazole est une option fiable pour la prophylaxie ulcerogène, surtout quand le respect de la posologie est un défi.
Comparaison avec d’autres IPP
| IPP | Libération | Durée d’action | Influence CYP2C19 | Réduction du risque d’ulcère (%) |
|---|---|---|---|---|
| Dexlansoprazole | Biphasique | >24 h | Faible | 68 |
| Oméprazole | Standard | ≈12 h | Modérée | 55 |
| Esomeprazole | d>Standard | ≈12 h | Modérée | 58 |
| Pantoprazole | Standard | ≈12 h | Faible | 52 |
Le tableau montre clairement que le dexlansoprazole offre la plus longue durée d’action et la plus forte réduction du risque, tout en étant le moins sensible aux variations génétiques de CYP2C19.
Facteurs à considérer avant la prescription
Bien que le dexlansoprazole soit souvent privilégié, plusieurs paramètres doivent être évalués :
- Polymorphisme CYP2C19 : chez les patients métaboliseurs ultra‑rapides, même les autres IPP peuvent perdre de l’efficacité, alors que le dexlansoprazole reste stable.
- Interactions médicamenteuses : les inhibiteurs de CYP3A4 (kétoconazole, clarithromycine) peuvent augmenter les concentrations plasmatiques, nécessitant un ajustement de dose.
- Conditions spécifiques : chez les patients atteints de maladie hépatique sévère, la Métabolisation peut être altérée, il faut surveiller la fonction hépatique.
- Adhérence au traitement : la prise flexible du dexlansoprazole (à jeun ou avec repas) facilite le suivi.
Posologie et bonnes pratiques d’utilisation
La dose recommandée pour la prévention d’ulcère gastrique chez l’adulte est de 30 mg une fois par jour, généralement le matin. En cas de risque très élevé (ex. : traitement par AINS à forte dose), certains cliniciens augmentent à 60 mg/j, répartis en deux prises de 30 mg.
Quelques conseils pratiques :
- Conserver les comprimés à l’abri de l’humidité ; ne pas les mâcher.
- Respecter un intervalle d’au moins 4 heures entre le dexlansoprazole et les médicaments nécessitant un pH acide (ex. : antifongiques, antiviraux).
- Envisager une évaluation endoscopique après 6‑12 mois chez les patients à haut risque.
Risque d’effets secondaires et suivi
Comme tout IPP, le dexlansoprazole peut entraîner des effets indésirables, bien que la plupart soient légers :
- Douleurs abdominales, diarrhée ou constipation (habituellement transitoires).
- Risque de carence en vitamine B12 ou magnésium en cas d’usage prolongé (>1 an).
- Augmentation rare de la susceptibilité aux infections gastro‑intestinales (Clostridioides difficile).
Un suivi annuel avec bilan sanguin permet de détecter rapidement ces anomalies et d’ajuster le traitement.
Questions fréquentes
Le dexlansoprazole peut‑il être pris avec les AINS ?
Oui, c’est d’ailleurs l’une des principales indications prophylactiques. Il faut le prendre au moins une heure avant le AINS pour optimiser la protection de la muqueuse.
Quelle différence entre le dexlansoprazole et le lansoprazole ?
Le lansoprazole libère son principe actif en une seule phase, alors que le dexlansoprazole a un mécanisme biphasique qui prolonge l’effet pendant plus de 24 h et diminue l’influence du CYP2C19.
Doit‑on faire une prise de sang régulièrement ?
Un bilan annuel (magnésium, calcium, vitamine B12) est recommandé pour les patients sous IPP depuis plus de six mois, afin de prévenir les carences.
Le dexlansoprazole est‑il sûr pendant la grossesse ?
Les données limitées suggèrent un profil de sécurité comparable aux autres IPP. La prescription doit rester réservée aux cas où les bénéfices surpassent les risques potentiels.
Quel est le coût moyen du dexlansoprazole en France ?
Le prix varie entre 15 € et 20 € pour une boîte de 28 gélules, selon la pharmacie et le mode de remboursement.
En résumé, le dexlansoprazole représente une avancée majeure pour la prévention des ulcères gastriques grâce à son système de libération biphasique, sa moindre sensibilité génétique et son profil d’efficacité soutenu par les études récentes. Une prescription réfléchie, accompagnée d’un suivi régulier, permet de maximiser les bénéfices tout en limitant les risques.
Elena Lebrusan Murillo
octobre 24, 2025 AT 22:10En suivant les données présentées, il apparaît clairement que le dexlansoprazole est présenté comme une panacée sans que l’on ne prenne la peine d’analyser les biais méthodologiques des études citées. La rédaction de cet article s’enorgueillit de chiffres sans fournir les contextes nécessaires, ce qui est inadmissible dans une publication scientifique sérieuse.
Thibault de la Grange
octobre 31, 2025 AT 22:13Après réflexion le sujet du dexlansoprazole m’interpelle surtout du point de vue de l’éthique médicale il faut se demander si l’on ne crée pas une dépendance à des traitements coûteux au lieu d’encourager des mesures préventives simples comme la réduction des AINS et l’alimentation.
Cyril Hennion
novembre 7, 2025 AT 22:16Il convient, certes, d’admirer la profondeur analytique de l’article, toutefois, l’auteur omet, de façon flagrante, de mentionner les conflits d’intérêts, les sponsorings pharmaceutiques, ainsi que les limites des essais cliniques qui, parfois, ne dépassent pas le stade de l’étude de phase II, voire III, sans véritable suivi à long terme.